À l’aube d’une ère où l’intelligence artificielle redéfinit les contours du développement, l’Afrique fait face à un double défi : tirer profit des promesses technologiques tout en veillant à ce qu’elles répondent aux réalités locales. Les enjeux sont multiples : accès inégal à la connectivité, accès fragmenté aux données, déficit dans la formation spécialisée, disparité des infrastructures.
C’est à ce carrefour que s’inscrit l’Université Mohammed VI Polytechnique dont la mission est d’ancrer ces évolutions dans un modèle africain, qui soit pertinent, résilient, durable et juste. Le centre AI Movement, désigné centre de catégorie II par l’UNESCO, offre à cette ambition une plateforme de recherche, d’éthique, de terrain et d’innovation capable de relier les aspirations internationales à la réalité quotidienne des territoires africains. Ce hub, basé sur sept piliers (recherche, innovation, formation, éthique, etc.), aborde les défis africains tels que la faible connectivité et le manque de données locales.
En agriculture, l’analyse de nuages de points 3D ou l’intégration de données satellitaires soutiennent la cartographie des sols et la gestion hydrique dans des environnements arides. Des expérimentations menées au Maroc ouvrent la voie à des applications dans d’autres régions d’Afrique subsaharienne, où l’agriculture reste le premier employeur mais souffre de rendements faibles.
Dans le domaine de la santé, l’AI Movement accompagne des projets de formation et d’innovation. L’initiative African Women in Tech and AI illustre cette dynamique, en renforçant les compétences de femmes africaines dans le développement de solutions adaptées aux contextes locaux, comme le diagnostic précoce reposant sur l’apprentissage fédéré. Ces initiatives interviennent dans un paysage où l’essentiel des financements en IA est concentré dans quelques pays, créant un besoin important de coopération panafricaine.
La transformation numérique constitue un autre axe central. La Morocco Digital Academy, créée en 2023 avec des partenaires internationaux, a permis à plus de 7 000 jeunes de se former aux compétences numériques de base et avancées, avec une attention particulière à l’accessibilité dans des contextes de faible connectivité. L’université accueille aussi des événements scientifiques comme la Semaine Internationale sur l’IA et les Systèmes Distribués, qui a réuni chercheurs et praticiens autour de thématiques émergentes, de l’apprentissage machine quantique à la confidentialité des données.
Côté entrepreneuriat, l’UM6P a accompagné depuis 2017 plus de 1 000 startups et porteurs de projets, couvrant des domaines aussi stratégiques que la deeptech, l’agriculture, la santé et la greentech. En 2025, des partenariats structurants ont ouvert de nouvelles perspectives dans la fintech et la greentech, avec des tickets d’investissement allant de 2 à 30 millions de dirhams (200 000 à 3 millions de dollars), sans exclusivité pour maximiser l’impact. Le lancement du Explorer Innovation Fund au printemps 2025 a permis à des projets étudiants sélectionnés de bénéficier d’un accompagnement intensif de 4 à 5 mois, débouchant sur des sessions de pitch devant investisseurs. Lors du DeepTech Summit de 2025, qui a réuni plus 5 500 participants de 53 pays, le DTS Prize a distingué Nyunga Afrika comme startup africaine prometteuse, renforçant la visibilité et l’ancrage continental de l’écosystème.
L’engagement de l’UM6P dépasse le cadre national à travers sa participation à l’Alliance U7+. En 2025, lors de la réunion annuelle d’Ottawa, UM6P a pris part aux travaux des groupes de travail, notamment sur l’IA et l’innovation inclusive sanctionnés par un communiqué conjoint adressé aux dirigeants du G7 sur le rôle des universités dans la gouvernance et l’utilisation responsable de l’intelligence artificielle.
La participation de l’UM6P à MTL Connect 2025, via son global hub à Montréal, s’inscrit dans cette même logique de dialogue et coopération internationale. Les échanges prévus sur des thématiques stratégiques telles que l’éthique de l’IA, la souveraineté numérique et l’innovation climatique. Montréal, en tant que hub francophone de l’IA, représente un espace propice au dialogue autour de l’inclusion et de la gouvernance numérique, en résonance avec les ambitions africaines et la stratégie numérique nationale du Maroc, portée par l’agenda “Morocco Digital 2030”.
