Au Québec, la productivité reste un défi majeur. Malgré un écosystème d’innovation riche, les entreprises québécoises doivent encore fournir 5,2 % d’heures de travail de plus que leurs voisines ontariennes pour générer la même valeur. Ce retard s’explique par la prédominance des PME, souvent moins automatisées, et par une transformation numérique inégale : les investissements sont nombreux, mais les gains tardent à se concrétiser.
Alors que 76 % des organisations québécoises affirment avoir adopté l’IA générative (KPMG, 2024), la question n’est plus faut-il investir ?, mais comment transformer ces investissements en productivité réelle ? Voici trois leviers concrets.
1. Automatiser intelligemment
L’automatisation ne doit pas être systématique. Trop d’organisations multiplient les outils sans cohérence, ce qui complexifie les opérations. Les plus performantes ciblent plutôt les tâches à faible valeur ajoutée pour libérer du temps humain au profit d’activités stratégiques.
Le bon réflexe : cartographier les flux de travail, identifier les processus répétitifs, puis automatiser ceux qui apportent le plus de valeur.
Le piège : automatiser un processus inefficace sans le repenser — ce n’est pas parce qu’il est plus rapide qu’il est meilleur.
2. Optimiser les flux de travail et les données
La vraie productivité repose sur la cohérence interne : données connectées, processus fluides, équipes alignées. Or, trop d’entreprises travaillent encore en silo.
Le levier concret : recourir à la cartographie de processus ou au process mining pour détecter les frictions et harmoniser les systèmes. Cette approche permet souvent de réduire les doublons, d’accélérer la circulation de l’information et de créer les conditions d’une automatisation efficace.
Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, optimiser les flux permet de faire plus avec les mêmes ressources.
Le piège : empiler des solutions technologiques déconnectées qui fragmentent encore davantage les opérations.
3. Mesurer autrement la valeur
Les projets numériques sont souvent jugés selon leur ROI immédiat, alors que les gains durables — qualité des données, fluidité organisationnelle, satisfaction des employés — se déploient dans le temps.
Le levier concret : définir des indicateurs élargis (temps libéré, réduction des erreurs, rapidité décisionnelle).
Le piège : abandonner un projet faute de résultats instantanés. La productivité se construit sur la durée.
Vers une productivité repensée
Avec un écosystème d’IA de calibre mondial et une forte capacité d’adaptation, le Québec a tout pour amplifier son virage numérique. Pour que l’adoption technologique se traduise en gains tangibles, trois conditions doivent coexister :
- des automatisations ciblées,
- des processus optimisés,
- et une mesure de valeur alignée sur la stratégie.
La productivité ne se décrète pas : elle se conçoit, se pilote et s’incarne dans le temps. C’est ainsi que les organisations pourront transformer l’innovation technologique en avantage durable.
Cet article s’inscrit dans la réflexion de Talsom sur l’intelligence organisationnelle : faire converger humain, processus et technologie pour créer de la valeur durable.






